Tout le monde connaît les Catacombes de Paris, gigantesque ossuaire situé au cœur du 14e arrondissement. Elles sont bien plus réputées et visitées que leurs homologues secrètes : les Catacombes interdites de Paris. En effet, cet immense dédale de galeries est surtout connu des cataphiles et de quelques amateurs éclairés. Paris Papote vous emmène faire un tour dans ce lieu insolite parisien aussi vaste que méconnu !
Les Catacombes interdites de Paris, c’est quoi ?
Les Catacombes interdites doivent leur nom à leurs homologues officielles, les Catacombes de Paris. Mais contrairement à ces dernières, elles n’ont aucun caractère morbide.
Qu’est-ce que les Catacombes non officielles ? Il s’agit d’un réseau de carrières souterraines datant de l’époque où Paris s’appelait Lutèce. Excavées sous le sol de la capitale, les pierres de ces carrières ont servi, au fil des siècles et des mouvements de l’histoire, à construire Paris.
Longs de 320 kilomètres, les souterrains parisiens des Catacombes non officielles forment un vaste labyrinthe, un Paris sous Paris. Son accès est strictement interdit au public depuis les années 1960, mais cette prohibition ne dissuade pas les plus tenaces.
En effet, si pénétrer dans les Catacombes non officielles est puni par la loi, une communauté de passionnés défie en permanence les autorités. On les appelle les cataphiles.
Qui sont les cataphiles ?
Les cataphiles sont des amateurs ou des passionnés, se rendant voire vivant de manière clandestine dans les Catacombes interdites de Paris.
Pour être précis, dans le milieu, on distingue deux sortes de cataphiles :
- Une partie d’entre eux sont de véritables puristes, qui ont développé une culture à part entière et des codes sociaux propres à la vie sous terre. Ils habitent dans les carrières et les entretiennent. Ils sont relativement tolérés par les autorités locales ;
- D’autres visiteurs sont des amateurs plus ou moins éclairés, qui pénètrent dans les Catacombes ponctuellement, font visiter les lieux à des curieux ou profitent des salles pour organiser des évènements festifs clandestins. Certains sont respectueux des lieux, mais globalement, ils ne sont pas toujours très bien vus par la première communauté, et donnent davantage de fil à retordre à ceux que l’on surnomme cataflics.
Les cataflics, la police des Catacombes interdites
On surnomme cataflics les policiers de la brigade d’intervention et de protection de la préfecture de Paris qui patrouillent dans les Catacombes interdites. Leur rôle consiste à sécuriser les souterrains, en cherchant les contrevenants et en procédant à des interpellations, mais aussi à secourir les néophytes égarés (et parfois blessés) dans les carrières. En effet, chaque année, des visiteurs se perdent et leur recherche active mobilise les gardiens de la paix.
À 20 mètres sous terre, sans aucune lumière naturelle et aucun moyen de communiquer avec l’extérieur, personne ne vous entend appeler à l’aide.
prefpolice-leblog.fr
Que risque-t-on à pénétrer dans les Catacombes interdites ?
En entrant dans les souterrains parisiens interdits, vous risquez 60 euros d’amende et une convocation devant le tribunal de police.
Malgré leur rôle inquisiteur, les cataflics font preuve d’une relative tolérance à l’égard des cataphiles. Ils procèdent bien sûr à des réprimandes, mais ils font la différence entre les profils avertis, sécurisés et respectueux des lieux, et les fêtards de passage, souvent alcoolisés, inconscients des risques et mal équipés.
Que voir dans les Catacombes interdites ?
On se rend bien sûr dans les souterrains parisiens pour le goût de l’insolite, voire de l’interdit, et l’ambiance unique qui règne dans cette étroite obscurité.
Mais les Catacombes renferment également des éléments dignes d’intérêt, tels que des salles aménagées et décorées par les cataphiles, des sculptures, une ancienne salle de cinéma clandestine, et même un reste de bunker nazi de la Seconde Guerre mondiale.
Quelques salles des Catacombes interdites
Comment se rendre dans les Catacombes interdites de Paris ?
Entrer et se repérer : où trouver une carte des Catacombes ?
Les entrées secrètes des sous-sols parisiens, qui se transmettaient auparavant de bouche à oreille, se dégotent aujourd’hui facilement sur Internet. Il en va de même pour les plans des souterrains. Cependant, je vous mets en garde : les cartes sont bien souvent approximatives et ne garantissent pas un accès sécurisé.
L’équipement pour se rendre dans les Catacombes
Il faut impérativement bien s’équiper pour pénétrer dans les Catacombes : casque, lampe frontale, gourde, nourriture… Je vous recommande aussi d’enfiler des vêtements confortables et chauds (en bas, il fait une température de 13°C, en été comme en hiver), que vous n’avez pas peur de salir (selon les souterrains que vous emprunterez, vous pourrez avoir besoin de ramper, et l’eau atteint parfois le niveau des genoux).
Cela va de soi, munissez-vous d’un plan fiable des lieux, ou, mieux, joignez-vous à un guide connaisseur des lieux. Sur des forums comme sur les réseaux sociaux, on en trouve, mais je vous incite une nouvelle fois à la prudence.
Bien évidemment, il importe de respecter les lieux et de ne laisser aucune trace de votre passage. Sachez faire preuve de discrétion, et emportez avec vous vos éventuels déchets.
Je vais m’arrêter là dans les conseils : mon but ici n’est pas de vous inciter à concrétiser cette expérience insolite et, je le rappelle, interdite. Cependant, si l’aventure vous tente vraiment, vous trouverez des informations sur la toile.
Pour rappel, en bas, on ne capte pas le Wi-Fi ni même le réseau téléphonique : il est donc impossible d'appeler à l'aide en cas de danger.
Mon expérience dans les Catacombes interdites
Mon incursion dans les Catacombes secrètes de Paris remonte à une quinzaine d’années, lorsque j’étais adolescente (et déjà passionnée par l’histoire de Paris et les visites insolites de la capitale).
Un jour, le colocataire de ma cousine nous a proposé de le suivre dans l’une de ses virées nocturnes, au cœur d’un endroit mystérieux dans lequel il se rendait régulièrement : les Catacombes interdites de Paris !
Nous avons accepté avec enthousiasme, et organisé soigneusement notre excursion. Notre guide nous a demandé de nous habiller avec de vieux vêtements, de nous équiper d’une lampe frontale et d’eau, et nous a donné rendez-vous.
Nous nous sommes retrouvés, un soir, le long d’un mur protégeant l’enceinte de la petite ceinture. Nous l’avons escaladé, puis sommes descendus sur la vieille voie ferrée. Après l’avoir longée pendant une vingtaine de minutes, nous nous sommes arrêtés au milieu d’un tunnel. Là, notre guide nous a indiqué une étroite cavité dans la pierre : c’était l’une des entrées des Catacombes interdites.
Après nous y être faufilés à quatre pattes, l’aventure a commencé. Notre guide, très sérieux et équipé d’un précieux plan du réseau secret, nous a menés de couloirs obscurs en vastes salles. Nous avons parfois dû ramper pour progresser dans les galeries exigües, nous avons aussi eu de l’eau jusqu’aux genoux. Nous avons eu la chance d’admirer de splendides œuvres construites par les cataphiles, comme la salle du Château et son remarquable édifice de pierre, ou la salle du Bélier.
Nous avons passé la nuit dans les Catacombes, et sommes ressortis par une plaque d’égout, sales et dégoulinants, au milieu d’une avenue fréquentée de Paris : effet surprise garanti !